Consommer du poisson de façon responsable ?
Les habitudes de toujours nous endorment et quand on se réveille, c'est avec une grosse claque.
Cela m'a frappée comme la foudre, dans mon hypermarché, un jour que je regardais les boîtes de thon de toutes tailles qui s'empilaient en quantité industrielle.
Je tendais déjà la main vers ma boîte habituelle.
"Attends une minute", me suis-je dit tout d'un coup (alors j'ai su que quelque chose allait changer. Parce que le thon, pour moi, c'était jusque-là un aliment de base, habituel, dont l'achat ne se réfléchissait pas plus que ça ; le fidèle allié de mes dînettes d'étudiante, puis, lorsque j'ai eu à nourrir une famille, la base incontournable de tout plein de recettes du quotidien).
Pourtant, ça faisait quand même un bail que je savais que certaines espèces de thon étaient menacées par la surpêche !... Ah oui, "certaines" espèces : de thon rouge, bien sûr. Thon blanc évidemment. Quoique... L'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) n'avait-elle pas récemment communiqué sur un rétablissement de "certaines" ressources ?...
Bref. Dans le doute...
"Attends une minute" me suis-je donc dit ; le thon qui attend là dans sa boîte, tout conditionné prêt à manger, en quantité apparemment inépuisable vu la profusion de produits... ben ce thon-là, fut un temps où il nageait tranquille pépère dans son eau salée natale, au milieu de ses copains y compris ceux en danger. Et qui te dit qu'il ne faisait pas partie, déjà, des menacés lui aussi ?... Ou alors, qu'il en fait maintenant partie ?
Les données varient, l'information manque
Avant, maintenant... Bientôt...
Et puis la situation n'est pas non plus la même dans toutes les mers et tous les océans...
Et au fait, je te parle du thon... Mais quid des stocks d'autres poissons encore courants sur nos tables ?... Car le problème, concernant ce qu'on sait en la matière, c'est qu'on le sait vaguement.
Pas question ici de nous dédouaner de notre devoir de recherche d'info ; mais de fait, question poiscaille, rien à voir avec les alertes omniprésentes en faveur de l'économie d'eau, ou même d'énergie !
Par exemple, on sait vaguement que le cabillaud est surpêché dans certaines zones, qu'on essaie donc d'éviter... Oh, et puis tiens, une "alternative" : certaines marques jouant sur le manque d'information, mais surtout sur les mots, en profitent pour nous proposer de la "morue dessalée" ! Sans mentionner nulle part, bien évidemment, le nom de cabillaud.
Bref : pour savoir quels poissons on peut encore consommer sans trop abîmer les populations, il faut aller soi-même à la pêche aux renseignements. (Moui, elle est moyennement rigolote c'est vrai.)
Et il faut bien le dire, la recherche n'est pas aisée. Car non seulement l'information n'est pas très présente, mais en plus il faut qu'elle soit de source fiable ; et pour compliquer encore les choses, elle doit s'avérer relativement récente. Car les choses bougent toujours en la matière, dans un sens ou dans l'autre !
C'est donc à ce moment-là que, frappée de doute au rayon "poisson en conserve", j'ai tourné les talons en me disant qu'il était temps de faire le point, cherchant donc une source d'information fiable et actualisée.
La meilleure que j'aie trouvée, en ce sens, émane de WWF. Et même, je ne parle pas de son Consoguide : assez peu utile finalement, vu les interrogations subsistant sur de nombreux stocks, mais aussi en termes d'alertes puisque les zones de pêche pointées en rouge pour certaines espèces sont rarement signalées lors de la vente (en particulier pour le poisson en conserve)...
Pour ma part, je préfère consulter la liste des espèces prioritaires : on y apprend notamment que les plus grandes victimes de la surpêche sont, outre le thon rouge et le cabillaud, (cette infortunée morue sacrifiée sur la table des Européens qui en raffolent depuis des lustres, est en risque de surpêche au Canada, au Royaume-Uni mais aussi dans la quasi-totalité des autres pays de l'Atlantique...), mais aussi l'espadon et le marlin... Entre autres, hélas.
Oui, mais quid des autres espèces ? De celles que tu consommes régulièrement depuis toujours, sans te poser de questions jusque-là ?...
Tu l'auras compris : l'information manque souvent, et évolue dans le temps. Difficile de répondre précisément et efficacement.
3 points à considérer avant d'acheter
Pour autant, avant d'acheter du poisson sous quelque forme que ce soit (en conserve ou à l'étal), n'oublie pas que 3 points sont à considérer : l'espèce bien sûr, ça on vient de le voir, mais aussi la méthode de pêche de même que l'apposition de labels (pas n'importe lesquels).
La méthode de pêche ? C'est un point essentiel.
Les DCP (dispositifs de concentration de poissons) constituent une menace de taille : utilisées notamment pour la capture du thon (à la senne coulissante), ils entraînent également dans leurs filets de nombreuses espèces sensibles ou en voie d’extinction, comme les requins et les raies, les thons jaunes juvéniles ainsi que les thons obèses et d’autres espèces de poissons dont les stocks sont déjà en partie surpêchés. Pour certaines de ces espèces, la pêche au thon est la cause déterminante de leur déclin.
La pêche à la palangre, quant à elle, occasionne des quantités considérables de prises accidentelles d’oiseaux marins, principalement des albatros et des pétrels, ainsi que d’autres espèces de poissons sensibles tels que les requins, les raies et les tortues marines.
Eh ouais, le fait est : il faut privilégier la pêche à la ligne. Mais vas-y, je te mets au défi de savoir comment le poisson que tu achètes a été pêché. Hormis dans de très rares cas, mais vraiment encore très, très rares.
Les labels ?... C'est encore ce qui te permettra de "garantir" à peu près ton achat.
Si vraiment tu as encore envie de consommer du poisson, veille surtout à ce qu'il comporte l'un ou l'autre de ces deux labels (toujours selon WWF, leurs cahiers des charges figurent parmi les plus crédibles) :
Pour les produits de la pêche : MSC (Marine Stewardship Council)
Pour les produits de l'aquaculture : ASC (Aquaculture Stewardship Council).
Sincèrement, bon courage. Ces deux labels ne sont pas encore si courants (d'autres mentions pullulent mais sans crédibilité avérée). Quant à cumuler la garantie de l'un de ces deux labels avec celle d'une technique de pêche acceptable, alors là... Le défi est lancé !
La vraie solution, la solution ultime ?...
Peut-être qu'on peut envisager : "Dans le doute, abstiens-toi"... Même s'il ne s'agit pas de faire une croix sur les produits de la mer, on peut essayer d'en consommer un peu moins. Et quand on fait le choix d'en acheter, de toujours veiller à le qualifier au maximum !
As-tu mis en place des process responsables en la matière ?...
Les commentaires te sont ouverts, n'hésite pas, tes idées nous enrichiront toutes ;-)