Cuisiner... un instant de souvenir intense

Le souvenir (comme l'amour...), c'est toujours un cadeau.
On ne le convoque pas.
Même dans les moments de recueillement, qui pourtant lui sont totalement dédiés, on a beau l'appeler, il est rare qu'on parvienne à l'embrasser comme on le voudrait : il ne tombe pas comme le gobelet de café dès lors qu'on a mis le jeton.
Le souvenir ne se laisse pas prendre comme un vulgaire lapin, non ! Il surgit.

Souvent, c'est à l'occasion d'un concours de circonstances, sans qu'on s'y attende, que la magie vient nous cueillir : devant un objet sorti de nulle part et qui se met à nous parler - comme cette vieille pelote de laine mauve évoquée récemment, esseulée et poussiéreuse, miraculeusement échouée du chaos d'une succession -...

Mais en dehors de ces instants de retrouvailles au travers d'une chose, il est un domaine où le souvenir prend une intensité insoupçonnée : en cuisine. Lors de la dégustation d'un mets aimé autrefois, c'est certain ; mais peut-être plus encore au moment de sa confection : quand les gestes se superposent à ceux de la ou du cher disparu, et que l'esprit alors en lâcher-prise peut laisser toute place à la rencontre.

Et toi Madame, la connais-tu cette sensation ?
Autour de quelle(s) recette(s) ?...

​La recette-souvenir de... 

Christine : la galette de mamie Lolotte

"La recette de cette galette, traditionnelle de la région de Doué-la-Fontaine dans le Maine-et-Loire (aujourd'hui Doué-en-Anjou...), s'est transmise de mère en fille dans ma famille. Et maintenant, c'est mon fils qui aime la confectionner pour ses amis !
Je sais que mon arrière-grand-mère, déjà, en faisait toutes les semaines ; elle la coupait en parts qu'elle stockait dans une boîte en fer en vue des desserts et goûters à venir... chose que je n'ai jamais pu faire avec mes quatre gourmands !"

Ingrédients :
250 g de beurre doux en pommade
250 g de sucre cristallisé
1 pincée de sel
2 oeufs
300 g de farine
(+ 1 jaune d'oeuf et 1 cuillère à soupe de lait pour dorer)

Mélange dans une terrine le beurre, le sucre, le sel et les oeufs.
Ajoute la farine, puis laisse reposer 10 minutes au réfrigérateur avant de dorer. Puis cuis au four, 35 minutes thermostat 6.

(Et pour finir... sur le sujet : as-tu vu "Mères et filles" de Julie Lopes-Curval (2009) avec Catherine Deneuve, Marie-José Croze et Marina Hands ?...  Cette dernière - la fille - décide un jour de s'installer dans la maison de sa grand-mère, Louise, disparue mystérieusement des années avant sa naissance. En faisant quelques aménagements dans la cuisine, elle découvre, caché derrière un meuble, un cahier : Louise y consignait ses recettes... ainsi que des notes diverses, des pensées, des impressions. Un lien se tisse alors entre la trentenaire et son ancêtre ; elle se met à lui parler. Un jour notamment, après avoir réalisé l'une de ses recettes, elle chuchote à sa grand-mère disparue, dans la peau de laquelle elle est entrée le temps d'une recette : "Il était très bon ton lapin aux pruneaux, Louise... Tu devrais en faire plus souvent".)